Rousseau et l’expérience esthétique

  • Du 04 avr. 2025 au 05 avr. 2025

  • 09:00 - 17:00

  • Europe des Lumières
  • 04/04 : Maison de la Recherche, salle D116
    05/04 : Sorbonne, salle F366

  • Louis Guerpillon

Là où l’on a souvent abordé l’esthétique de Rousseau à partir de la régionalisation des différents arts ou à partir d’un point de vue sociologique, ces journées réunissent des spécialistes de Rousseau pour mettre au contraire l’accent sur l’expérience esthétique en elle-même, et sur ce que cela signifie d’être en présence d’un phénomène esthétique.

L’enjeu de ces journées est de se concentrer sur la manière dont Rousseau décrit et théorise la manière dont nous nous rapportons aux œuvres d’art ou à tout autre spectacle susceptible de provoquer une émotion esthétique. Il ne s’agit pas de partir de la régionalisation entre les différents arts ou du discours sociologique et politique dans lequel Rousseau réinscrit souvent le phénomène esthétique, mais de les mobiliser pour servir une discussion sur ce qui singularise, en tant qu’expérience, la relation esthétique. 

L’accent est ainsi mis sur ce que signifie être en présence d’une œuvre d’art, et dès lors la question dépasse celle de l’art à proprement parler. Les questions suivantes se posent alors : 

  • Qu’est-ce au fond, qui confère à une expérience un caractère esthétique ? 
  • Comment la sensibilité y est-elle mise en jeu de manière spécifique ? 
  • Comment construire des catégories dans le cadre de cette esthétique qui met particulièrement l’accent sur les émotions – des catégories comme celle de la beauté, mais aussi du sublime, du comique, du tragique, du naturel, du maniéré, du joli, de l’harmonieux, du délicieux, du piquant, de la volupté, de l’ennui ou du dégoût etc. ? 
  • Comment également penser l’articulation de l’expérience esthétique à l’expérience morale, à l’expérience de la nature, à l’expérience religieuse, politique, érotique etc. ? 

A chaque fois, est constaté dans les textes de Rousseau qu’une « composante » esthétique se mêle à ces expériences, au point que l’esthétique apparaît peut-être moins comme un type d’expérience, défini par son objet, que comme une dimension de l’expérience. Mais il reste alors à déterminer en quoi elle consiste proprement, ce qui la rend si transversale, et ce par quoi, malgré tout, il demeure impossible d’assimiler purement et simplement l’expérience morale, religieuse, érotique, etc. à une expérience esthétique sans autre détermination. Il s’agit ainsi de mettre au cœur des discussions la question de la relation esthétique – relation à l’œuvre d’art ou plus généralement à un phénomène, mais aussi par ce biais la relation à celui qui l’a produit, et sans doute aussi à tous ceux qui peuvent partager cette expérience.